Si l’art ne peut pas changer concrètement le monde, il peut aider à en changer notre vision. Le confinement, s’il s’avère nécessaire, affecte notre expérience sensible du quotidien. Le changement de déco de son intérieur, qui a connu un énorme boom durant tous ces mois d'arrêt, prouve, s'il en est, que la dimension artistique s'est bien exprimée là, même sous des aspects utilitaires.
Certains d'entre nous ont durant ces mois d'arrêt continué à être présents dans leur atelier. D’autres ont entrepris de travailler sur carnets, ou ont utilisé ce temps pour finaliser des esquisses ou exploré des techniques inconnues. C’est une rupture dans la pratique artistique, pourtant souvent vécue comme une nécessité intellectuelle vitale. Cette conjoncture liée au Covid-19 nous soumet à une privation de liberté inédite qui laisse un sentiment de perte de contrôle du quotidien et implique un pas de côté pour tous ceux qui ont une activité artistique même modeste. Chacun invente des formes nouvelles de diffusion, souvent très courtes, sérielles, à travers des diaporamas ou petites videos relayées par les réseaux sociaux. Chacun cherche à interpeller son public en manque d'expos avec une régularité qui scande cette distorsion du temps où chaque jour se ressemble pour une durée qui semble indéfinie. Ce rapport singulier au temps qui s’étire, aux journées qui se banalisent, a, espérons le, généré un optimisme et une énergie nouvelle pour rompre avec les jours vécus comme des copiés-collés sans fin. Ce rendez-vous ritualisé sur les réseaux sociaux, comme celui-ci, prend donc un caractère artiviste (artiviste est un néologisme fusionnant art et activisme), en venant conjurer le sort de cette période d’incertitude en générant de l’espoir face à l’effondrement. Oui, le temps des expos et autres rencontres avec le public arrive, mais la période aura laissé des traces indélébiles. A bientôt ! En attendant, le site internet poursuit sa refonte avec les créations désormais en PNG.
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